Le ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du Climat (BMWK) a élaboré un rapport portant sur les planifications et les capacités des terminaux de gaz naturel liquéfié flottants et fixes. La planification et l’installation d’une infrastructure de GNL allemande sont une conséquence directe de la guerre d’agression russe en Ukraine et de la crise énergétique qui a suivi. L’objectif consiste à surmonter les dépendances unilatérales et à renforcer la prévention et la résilience en construisant une infrastructure de GNL propre à l’Allemagne. La planification suit ces principes. Vous trouverez le rapport ici.
Le ministre fédéral de l'Économie et de la Protection du Climat a déclaré à ce sujet :
« La guerre d’agression russe en Ukraine nous a fait sentir à quel point les dépendances unilatérales sont dangereuses et qu’elle nous entraîne des coûts. Nous serions fous de ne pas en tirer des leçons. En conséquent, nous rendons l’Allemagne plus robuste. Ce qui essentiel est sans conteste le développement des énergies renouvelables et d’un approvisionnement énergétique climatiquement neutre, couplé aux économies d’énergie, à l’efficacité et à la sortie progressive des énergies fossiles. Nos efforts sont axés là-dessus. Afin de garantir également en cette période de transition la sécurité d’approvisionnement, nous devons développer cependant aussi une infrastructure de GNL allemande pour les prochaines années. Nos planifications reposent sur des principes clairs : nous tenons compte des risques dans le calcul des prix, planifions de manière prévoyante des marges de sécurité, créons de la flexibilité et agissons dans une solidarité européenne. Ce sont les leçons que nous avons tirées de la crise énergétique et nous travaillons en conséquent. »
Le rapport présente la situation de départ de l’année dernière et prend position sur les sites et les planifications des terminaux de gaz naturel liquéfié flottants et fixes. A également alimenté le rapport une étude de l’Institut d’économie énergétique de l’Université de Cologne (EWI) commanditée par le BMWK afin d’élaborer des scénarios portant sur le gaz pour l’évolution ultérieure possible compte tenu du développement actuel dynamique sur les marchés du gaz. Vous pouvez consulter l’étude de l’Institut d’économie énergétique de l’Université de Cologne (EWI) en cliquant ici .
1. Plus de précisions quant au rapport du BMWK :
Quelle est la situation initiale et pourquoi une nouvelle infrastructure est-elle nécessaire ?
La guerre d’agression russe sur l’ensemble du territoire de l’Ukraine a profondément changé les paramètres de l’architecture sécuritaire et corrélativement les exigences concernant la structure de sécurité énergétique. En raison de l’agression russe, le gouvernement fédéral a dû se préparer à des perturbations et à une interruption des livraisons de gaz russes qui a eu lieu par la suite. Des possibilités alternatives d’approvisionnement en gaz ont donc dû être créées sous haute pression et très rapidement afin de garantir la sécurité d’approvisionnement. C’est pourquoi les travaux de construction d’une nouvelle infrastructure, composée d’unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU) et de terminaux de gaz naturel liquéfié fixes, ont débuté l’année dernière.
Dans le cadre de l’installation et des planifications à venir, le gouvernement fédéral tient compte de l’un des enseignements tiré de la crise énergétique déclenchée par la guerre d’agression russe, à savoir la nécessité de remplacer la vulnérabilité liée à une dépendance unilatérale par la résilience. Notre tâche consiste à développer une infrastructure énergétique résiliente au bénéfice de la sécurité d’approvisionnement qui s’oriente en fonction du principe de précaution, tienne compte des risques, soit flexible et soit pensée dans la solidarité européenne. Tout comme d’autres États européens ont pu réaliser des livraisons vers l’Allemagne via leur infrastructure de GNL, l’Allemagne doit être capable de soutenir ses voisins.
Il est également nécessaire d’avoir des marges de sécurité suffisantes afin d’être aussi préparé à des situations critiques et de pouvoir agir de manière flexible en cas de situations d’approvisionnement changeantes. Une telle marge de sécurité peut être inclue dans la planification du gouvernement fédéral à compter de 2024. À partir de 2027, elle sera si grande qu’elle pourra compenser la suppression d’importantes quantités d’importations venant des sources existantes.
Dans le cadre de la planification des besoins, le gouvernement fédéral travaille par ailleurs en ajoutant un supplément de risque en matière de consommation de gaz. Ce supplément de risque veille à ce que l’Allemagne soit aussi préparée en cas de consommation de gaz plus élevée que prévue lors des pics de consommation. Dans le cas où la consommation de gaz est plus faible, l’offre émanant de l’infrastructure des FSRU peut être réduite de manière flexible.
Afin de pouvoir mettre en oeuvre rapidement les solutions en vue de l’hiver 2022/2023 et de l’hiver 2023/2024, des terminaux de FSRU sont et seront tout d’abord mis à disposition. Puis, les terminaux de GNL terrestres suivront. Leur durée de construction étant d’environ 3,5 années, ces derniers n’auraient pas pu contribuer à compenser à court terme les livraisons de gaz russes. À l’inverse, seuls les terminaux fixes peuvent passer aux gaz verts. C’est pourquoi il est nécessaire de construire ces deux infrastructures, étant donné que les terminaux fixes doivent remplacer les FSRU une fois construits. Dans l’ensemble, il convient de tenir compte du fait qu’il existe toujours des risques dus à la réalisation des projets respectifs prévus.
Infrastructure de GNL prévue en Allemagne
Terminaux FSRU :Au début de l’année 2023, deux FSRU lancés par l’État fédéral sont entrés en service à Wilhelmshaven et à Brunsbüttel et les activités de mise en service sont presque achevées. De plus, une FSRU est exploitée de manière privée à Lubmin depuis le début de l’année. Grâce aux capacités de ces trois terminaux, une quantité d’environ 13,5 milliards de m³ de GNL peut être acheminée en Allemagne en 2023. Par ailleurs, trois autres sites FSRU initiés par l’État fédéral sont actuellement en création. Ces sites sont Wilhelmshaven II, Stade et Lubmin.
La FSRU exploitée à Brunsbüttel dispose en principe d’une capacité nominale d’environ 7,5 milliards de m³/an, mais ne peut dans un premier temps être exploitée qu’à hauteur d’environ 3,5 milliards de m³/an en raison de la situation du réseau locale. Après la construction d’une nouvelle ligne de raccordement fin 2023, il sera possible de l’exploiter pleinement à hauteur de 7,5 milliards de m³/an.
La capacité nominale des autres FSRU gérées par l’État fédéral s’élève à environ 5 et environ 4,5 milliards de m³/an. En 2024 et 2025, d’après les planifications actuelles, les cinq FSRU de l’État fédéral seront en service toute l’année et auront ensemble une capacité de regazéification (nominale) d’environ 27 milliards de m³/an. Les capacités de regazéification du projet privé à Lubmin doivent être élargies de 5 milliards de m³/an actuellement à environ 10 milliards de m³/an à compter de 2024.
Terminaux fixes
Les trois terminaux terrestres prévus actuellement à Stade, Brunsbüttel et Wilhelmshaven devraient entrer en service en 2026 et en 2027. Avec les terminaux fixes, la capacité d’importation de GNL augmenterait à environ 54 milliards de m³. Il convient cependant de prendre en compte qu’aucune décision d’investissement finale n’a été prise jusqu’à présent pour ces terminaux.
Brunsbüttel et Stade seront construits - tant que possible - de manière « green-ready », c’est-à-dire en vue d’un fonctionnement ultérieur avec des produits dérivés de l’hydrogène, notamment l’ammoniac (fondations consolidées, revêtement/acier). Le terminal fixe situé sur le site de Wilhelmshaven a été conçu dès le début comme un terminal de gaz vert pour du méthane synthétique produit à base d’hydrogène vert.
Les terminaux terrestres doivent remplacer les FSRU stationnés jusqu’à présent sur ces sites.
À combien s’élèvent les coûts ?
La construction d’une infrastructure de GNL pour des FSRU nécessite une très longue période de planification s’étendant de 2022 à 2038. Pendant cette période, la construction est composée de différentes phases de projet. Beaucoup d’entre elles auront lieu à l’avenir et sont donc soumises à des adaptations. Pendant cette période de 2022 à 2038, des estimations de coûts ont été et sont effectuées qui sont en permanence adaptées et pour lesquelles un cadre maximal a été fixé qui peut être modifié dans le temps. Ce cadre ne doit pas être obligatoirement utilisé. Concernant l’affrètement des FSRU, des contrats de location ont été conclus et non pas des contrats d’achat, puisque des modifications sont possibles dans les années à venir si le besoin baisse. Parallèlement, des mesures sont néanmoins aussi financées pour les infrastructures, comme pour les lignes de raccordement et l’élargissement et l’amélioration de l’infrastructure de transport qui peuvent ensuite être exploitées dans le cadre d’investissements ultérieurs et sont disponibles à long terme. C’est exactement pourquoi des précautions sont prises afin que ces infrastructures de réseau puissent être aussi exploitées à l’avenir avec l’hydrogène et les produits dérivés de l’hydrogène. La regazéification et le fonctionnement normal des FSRU induisent des coûts mais également des recettes générées notamment par les frais de regazéification.
Pour la période de 2022 à 2038, des coûts s’élevant à environ 9,8 milliards d’euros sont estimés. Le Bundestag allemand a également mis à disposition ces 9,8 milliards d’euros. Mais il est d’ores et déjà clair que ces coûts augmenteront.
2. Plus d'informations sur l’étude de l’EWI
Le rapport a été alimenté par une étude de l’Institut d’économie énergétique de l’Université de Cologne (EWI). Commandité par le ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du Climat (BMWK), l’EWI a réalisé une analyse portant sur l’évolution des marchés du gaz internationaux ainsi que sur l’évolution de l’approvisionnement en gaz en Allemagne. Les travaux ont été achevés en février 2023. Dans la première partie de l’étude, un modèle de simulation permet d’examiner l’évolution des marchés de gaz internationaux en tenant compte de différents scénarios de demande et d’offre. L’objectif de la simulation est de déterminer les flux commerciaux du GNL et du gaz acheminé par gazoduc, l’évolution possible des prix du gaz ainsi que l’exploitation liée des infrastructures de GNL en 2026, 2030 et 2035. La deuxième partie de l’analyse dresse un bilan portant sur le montant de gaz et les besoins en gaz d’ici 2025 en Allemagne. L’objectif de ces calculs est d’évaluer la disponibilité du gaz naturel au cours de l’année ainsi que les niveaux de réservoirs, en supposant respectivement des évolutions différentes de la demande. L’analyse n’a pas traité entre autres le besoin futur en gaz, le calcul des capacités de GNL exactement nécessaires, les questions de résilience et les conséquences d’une défaillance éventuelle de certaines composantes dans l’approvisionnement en gaz.